La panne – Extrait 1

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La panne.

Chapitre 1 – La rencontre – Lionel.

 

 » Je m’appelle Lionel Servan, j’aimerais vous dire que mes amis m’appellent Yo ou Yoyo, mais ce serait un mensonge, pour la bonne raison que je n’ai pas d’amis, si l’on excepte Sam, un autre Geek comme moi qui vit à New-York et Osaka, une superbe sarracenia  leucophylla, ma plante carnivore.

J’ai 23 ans, je suis informaticien, enfin plus exactement Webmaster et je bosse en freelance pour de grosses sociétés :  je finalise la partie technique de la création de sites internet. Je ne m’étendrai pas là-dessus car je risquerais de devenir très rapidement chiant à périr. Il m’arrive également d’être mandaté pour chercher des failles dans la sécurité informatique de grosses entreprises. Je m’introduis alors sur le serveurs et sème un peu la zizanie, rendant fou les concepteur et les analystes. Un hacker si vous voulez mais gentil, je n’oeuvre pas du côté obscur de la force, bien que cela soit beaucoup plus lucratif. J’ai exploré le darkweb. J’ai réussi à en sortir sans y perdre mon âme.

Je passe ma vie chez moi, sur mon ordinateur ou au téléphone. Je fais mes courses en ligne, je mange chinois, pizza, sushi, arménien, libanais, n’importe quoi pourvu que cela arrive tout prêt, tout chaud, sans que j’ai à sortir de chez moi. Je vous rappelle quelqu’un ? Ne cherchez plus, c’est Sandra Bullock dans traque sur internet. Je suis l’archétype du mec qu’on retrouve mort chez lui au bout de deux ans sans que personne ne se soit inquiété de sa disparition : pour faire simple, je ne connais personne et personne ne me connaît, à part le facteur et je suis certain que même lui aurait du mal à me reconnaitre s’il ne me trouvait pas à ma place habituelle, c’est à dire derrière la porte du 36 b, avenue des lilas. Je suis tellement insignifiant et interchangeable. Tout en moi est moyen : taille moyenne, corpulence moyenne, cheveux châtain, yeux marron. Aucun signe distinctif,  allez faire un portrait robot ! Si je disparaissais, et d’une, personne ne me chercherait et de deux, je suis presque sûr qu’on ne me retrouverait jamais.  J’en viendrais presque à douter de ma propre existence. Enfin, c’était le cas jusqu’à hier matin.

***

 

Donc Flashback : nous sommes le lundi 21 décembre 2015, il est 9h15, l’heure pour moi de sortir de sous la couette et de me frotter à la vie. Je me lève tous les jours à 9h15 précises, après cinq minutes de méditation et dix minutes d’étirements. Je me dirige d’un pas mal assuré vers le coin cuisine, branche la cafetière que j’ai préparée la veille. Je sors mon mug « Star Wars », y jette trois sucres et m’écroule sur un tabouret de bar. En attendant que le café passe, je me connecte au nouvelles du monde via BFM TV. Rien d’intéressant ce matin, rien de grave non plus ni rien de réjouissant. Une journée neutre, calme et tranquille. Ca me va. Après le drame du 13 novembre : les attentas de Paris, j’aime quand il n’y a « rien à signaler ».

A 9h20, la cafetière sonne me prévenant que mon café est chaud. Je me sers le premier d’une longue série qui généralement me mène à 11 h, le moment pour moi de passer sous la douche, de m’habiller et de rejoindre mon bureau pour me mettre au travail. J’ouvre le frigo, pour prendre le lait – je ne bois que des « noisettes », je suis incapable de boire un café noir – et là,  je me rends compte que j’ai oublié de remplacer la bouteille de lait que j’ai terminée la veille. Je suis dépité car j’aime que le lait soit froid, ce qui porte mon café à sa température idéale. J’ouvre le placard, et tombe de Charibde en Scilla : à la place de mon stock de bouteilles de Candia Bio, la place est libre, l’étagère désespérément vide. Je n’ai plus de lait. Je m’assois devant la béance qui remplace mes provisions. Je suis sous le choc. J’essaie de comprendre comment une telle chose a pu se  produire mais n’y parviens pas : je n’ai rien changé à mes habitudes, fait mes courses de la même manière, il devrait donc y avoir encore du lait et ma journée devrait se passer aussi bien que d’habitude. Or ce n’est pas le cas. Cela commence très mal. L’idée que quelqu’un a pénétré chez moi pour me voler ma dernière bouteille m’effleure bien évidement, mais je la trouve ridicule et la chasse aussitôt. Surtout ne pas sombrer dans la paranoïa ! Il doit bien y avoir une explication rationnelle même si, pour l’heure, elle m’échappe. De toute façon, le vrai problème du moment est ailleurs : comment faire face ? Comment essayer de rétablir l’ordre dans cette journée qui débute si mal ? Comment survivre à ce chaos naissant ? Ok ! Ok ! Le mot est peut-être un peu fort, pour nombre d’entre vous ce serait au pire un grain de sable, pour moi, c’est l’Himalaya qui vient de se dresser sur ma route si bien balisée. Dans ma vie, tout est organisé, structuré, planifié. Je déteste l’imprévu, il me pétrifie ! J’ai besoin de tout contrôler sinon je panique. Et là je panique vraiment. J’arrive péniblement à me redresser et je saisis la boite de Xanax qui  bien heureusement, elle, est à sa place exacte : elle se trouve  sur le comptoir de la cuisine, juste à droite de la corbeille de fruits, et à gauche de la bouteille de San Pelegrino. Je retire un petit cachet blanc de la plaquette  et  je l’avale avec un grand verre d’eau gazeuse. D’ici vingt minutes je commencerai à en sentir les effets relaxants. Vingt minutes, longues, interminables, épuisantes. Non, ce n’est pas possible. Je sors une autre cachet de la boite et le glisse sous ma langue, celui-ci agira plus rapidement m’épargnant de longues secondes d’angoisse.

L’envie de téléphoner à mon psychiatre afin de demander un rendez-vous en urgence me traverse l’esprit. Je suis bouleversé, mon monde part à veau l’eau. C’est véritablement une urgence. Fin du monde imminente ! Rien moins que cela. Mais lorsqu’il s’apercevra que je me suis glissé au milieu de son agenda hyper chargé parce-que je n’avais plus de lait, je crains qu’il ne soit furieux. Il risque de ne pas comprendre à quel point c’est vital pour moi cette histoire de lait. La dernière fois, par exemple, la gravité de la situation lui avait échappé.  Pourtant j’étais anéanti : une paire de chaussettes rouge avait déteint dans le lave-linge, colorant au passage tout son contenu en rose layette. Parmi les affaires, il y avait mon tee-shirt préféré, un collector du groupe Gorillaz. Introuvable. Irremplaçable. Un drame absolu. Il m’avait sermonné, me reprochant de prendre la place de véritables patients ayant de vrais problèmes. Qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre ! Donc, avec mon histoire de lait j’ai bien peur qu’il m’envoie sur les roses, encore une fois.

Il faut que je m’en sorte tout seul. Que j’arrive à me calmer, que la panique s’estompe et que je puisse me mettre à réfléchir aux options qui s’offrent à moi, une fois que j’aurais réussi à surmonter cette crise. Arriver à redonner sa taille réelle à mon Hymalaya de terreur afin qu’il redevienne le grain  de sable qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être.

Je réussis à aller jusqu’au bureau malgré les tremblements qui parcourent mon corps, malgré la toute nouvelle matière dont sont constituées mes jambes : un mélange 50% coton-lycra, super pour un pyjama mais beaucoup moins pour des membres censés supporter mes 80 kilos. Ma pierre-doudou, une grosse rhodocrosite,  supposée m’apporter quiétude et détente, est posée sur la table. Je la saisis, m’assois et me mets à la caresser frénétiquement au début, plus de plus en plus lentement. Le calme revient peu à peu et mon cerveau sort de son mode « survie », celui où il n’est concentré que sur la nécessité de faire battre mon coeur, l’empêcher de mourir de peur, forcer mes poumons à respirer encore une fois, puis une autre. »

A suivre.

Changement de cap – Nouveau projet

6a00d8341cdb3753ef0163021cca85970d-800wi.jpgCeux qui me suivent sur Facebook ou Twitter, savent que début juillet j’ai publié la première partie d’un roman intitulé : Le bébé d’Elena.

Ce fut un échec retentissant du point de vue commercial. Onze exemplaires vendus en deux mois. Mais je ne suis pas effondrée. D’une part parce que les 4 critiques reçues sont assez bonnes, toutes des 4*. D’autre part parce qu’il s’agit d’une première partie, d’un genre dont mes lecteurs habituels ne sont pas forcément friands : le drame.

Par contre cela a freiné ma muse. Elle a décidé de ne pas me laisser écrire la suite ( la partie 2, très dure) pour le moment. Elle a préféré que je me repose un peu d’abord puis que je change de projet et retourne à mes premiers amours : le roman MM ( Homme/homme). Elle m’a donc intimé de me replonger dans un manuscrit que j’avais laissé de côté au printemps : une nouvelle que j’avais commencée avant de la transformer en projet de roman au titre très provisoire de « La panne ».

Depuis, j’y travaille. J’ai remis la tête dans le guidon et j’avance à mon rythme de limace. Ce sera un roman d’environ 40 000 mots, ce qui en fera le plus gros que j’aurais publié jusqu’à présent. Je pense qu’il sortira aux environs de la fin de l’année. Enfin si je suis assidue, si ma muse ne lâche pas en court de route et s’il n’y a pas d’imprévu, comprendre une interférence de la vraie vie.

Alors pour fêter ça, je vais vous offrir sur ce blog, en exclusivité, le début de mon roman. J’en publierai régulièrement des extraits donc n’hésitez pas à vous abonner.

Angie,

ravie de vous retrouver.